« Pourquoi le rivage trahit les profondeurs ?
Pourquoi les remous montrent cailles et varechs
Et amènent de force à la vue les remords ?
Volonté inutile d’une peau impotente
Qui voudrait conserver dans l’intime les peurs,
Les désirs et complaintes ; une vie immorale…
Pourquoi donc un revers attend toujours le rêve
Et fournit à l’idylle sa touche d’achromie ?
— Le jardin de l’Eden avait son arbre noir —… »
Toujours avance l’être dont les mots s’effondrent
A mesure que l’heure l’amène à sa tombe
Où gisent condensés ses rêves d’éternel.
Plus avant il progresse et serre ses présents
Qu’il posera en terre avec toute sa vie
Une fois arrivé à la fin de sa course.
Il regarde le ciel et voit noircir l’azur,
Alors le cœur serré il n’a qu’une espérance.
— Si encore un matin se levait sur Harfleur…
« Pourquoi toujours l’espoir et jamais son enfant ;
Pourquoi tous ces cantiques invocateurs de vide ;
Pourquoi l’âme blessée verse-t-elle ses humeurs ?…
Ainsi mille pensées en lutte dans mon cœur
Transparaissent poignantes malgré tous mes efforts
Et traduisent mes maux se servant de mes mots…
A mes lèvres s’épavent mille mots et prières
Ainsi qu’un promeneur trouve devant ses pas
Sur le rivage échoués les soupirs du grand large… »
Une fois arrivé il courbera l’échine
Tant sous le poids des vœux qu’en hommage à la fin
Et il posera tout, tous ses maux, ses bonheurs ;
Ses mille chrysanthèmes au pollen cantharide.
Et là, agenouillé, sur le sol, en sa tombe,
Il offrira l’essence au néant salvateur,
Maintenant que la vie n’a plus rien à offrir
Que le regret du noir où tout était à peindre.
Et l’œil alors aqueux il dira en un souffle
Le fond de ses entrailles ; son profond soupir…
« En mémoire d’un temps où tout était poussière ;
D’un temps où le chaos donnait vie à l’espoir… »
W.P.