Comment faisons-nous communauté ? Comment nous construisons-nous ? Comment naviguons-nous un espace prévu pour notre absence ? Nous créons des espaces, des moments fugitifs où rien d’autre n’importe que nos voix, nos espoirs. Et qu’importe la norme qui rêve de nos silences, nos rires résonnent sans fin dans cet entre-deux-mondes.
Potomitances, le titre, est inspiré du mot « potomitan », utilisé en créole guadeloupéen pour désigner les femmes, synonyme de force, de courage infini. Le « poteau du milieu », les femmes ont le fardeau de maintenir l’ouvrage debout coûte que coûte, voire au détriment d’elles-mêmes. En transposant ce terme au participe présent francisé, je voulais au contraire ramener le mouvement à l’avant de la scène et briser la contrainte de l’immuabilité. Car, les femmes noires qui aiment les femmes dans toutes leurs nuances peuvent à la fois être fortes, vulnérables, résiliantes, fatiguées; elles peuvent alternativement soutenir et être soutenues. La force est peut-être justement une combinaison de tout cela. Le lien communautaire qu’elles savent créer transcende l’entendement des espaces préconçus et dépasse les limites du temps préétabli. Et leurs potomitances, leurs moments de brillances s’affranchissent des normes, même pour un instant…
Potomitances est un texte de spoken word que j’ai composé suivant l’inspiration de la thèse de doctorat que Jade Almeida a soutenue avec brio, intitulée « Les femmes noires qui aiment les femmes : résistance aux rapports de pouvoirs enchevêtrés ».
Instrumental : Numéro 7 Alone With My Thoughts, par Ester Abrami