Léthé

Si je devais sur une page consigner
Ce que m’inspirent les êtres, les astres,
Si je devais en ces mots expliquer
Ce que je vis, comment dire mon désastre ?..

Jamais des mots n’ont eu un tel fardeau :
Dévoiler l’être et ses milles errances,
Jamais mes maux n’ont été aussi beaux
Dévoilés là, criant dans mon silence.

Je suis un bien ténébreux artifice
Dont le ciel rit au rythme des saisons,
Je suis un bien malheureux maléfice
Dont les envies voguent à déraison.

Si je devais sur une page me montrer,
Que dire alors sur ma bien faible essence ?
Si je devais tout dire, rien oublier,
Que dire encore ? Ou me taire ?..

Avec le temps les torts s’effacent
Et les sourires trop peu tenaces
Offrent au Léthé leurs heures de gloire.

Où iront donc les cœurs brisés,
Les fleurs fanées, blessées, usées
Lorsque le vent venu du Nord
Mettra nos vies aux mains des Moires ?

Où aller chercher l’insouciance
Des heures passées dans l’innocence
A tout aimer plus que soi-même
Quand la Nuit revêt son diadème ?

Avec le temps tout s’harmonise
Et les humeurs ne s’éternisent,
L’Oubli s’installe dans son royaume…

Si je devais sur une page me montrer,
Que dire alors sur ma bien faible essence ?
Si je devais tout dire, rien oublier,
Que dire encore ? Ou me taire ?.. Silence…

W.P.

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